Théo Girard
BULLE
(FR-ECO)
Les débuts du bassiste français Theo Girard en 2017 ont été salués par la critique - un trio sans instrument harmonique avec le trompettiste Antoine Berjeaut (FR) aux côtés du batteur britannique Seb Rochford (UK).
Trois ans plus tard, l’alchimie est toujours là sur Bulle, et pour l’occasion, le trio fusionnel se fait quartet avec l’arrivée du jeune saxophoniste Basile Naudet. Un habitué de la maison (pour avoir parfois remplacé Antoine Berjeaut en concert) doublé d’un enfant de la balle : « son père, Nicolas, est un de mes meilleurs amis »
Seb Rochford - batterie
Basile Naudet - sax alto
Antoine Berjeaut - trompette & bugle
Théo Girard - contrebasse & compositions
PRESSE
Télérama (par Louis-Julien Nicolaou)
"Grâce à ces compositions rugueuses, en prise directe avec l’organisme, Théo Girard impose plus qu’une humeur : une conception très stimulante du jazz."
Télérama Sortir (par Eric Delhaye)
"artiste novateur qui présente son excellent nouvel album Bulle"
Jazz News (par Bruno Guermonprez)
"Pour tout dire, à mi-chemin entre le Charlie Haden du Liberation Music Orchestra et le Dave Holland de Conference of the Birds. Mais avec ce sens de l'instant qui n'est qu'à lui."
« Un saut dans l’inconnu », c’est ainsi que Théo Girard décrit la naissance de son trio avec le batteur anglais Seb Rochford et le trompettiste français Antoine Berjeaut. C’était début 2016 et, à l’époque, le contrebassiste fondateur du label Discobole n’avait encore jamais « leadé » de groupe sous son nom. « J’ai donc découvert pas mal de choses sur le tas. Ma première certitude était d’enregistrer dans la foulée de la création. Je n’ai pas été déçu ! » Résultat : des formats courts, bruts et mélodieux à la fois, un disque baptisé 30YearsFrom qui a séduit plus que d’espérance, et l’impression d’assister à la genèse d’un alliage fait pour durer. « L’intensité de la rencontre m’a bouleversé au point que j’ai voulu me forcer à écrire régulièrement de nouveaux morceaux et à immortaliser chacune de nos retrouvailles. »
Trois ans plus tard, l’alchimie est toujours là sur Bulle, nouvel arrivage du Théo Girard en mode leader maximo : « disons que je fonctionne plutôt en dictature souple » sourit-il. « J’écris toute la musique mais, souvent, les arrangements prennent forme avec les gars ». Et pour l’occasion, le trio fusionnel se fait quartet avec l’arrivée du jeune saxophoniste Basile Naudet. Un habitué de la maison (pour avoir parfois remplacé Antoine Berjeaut en concert) doublé d’un enfant de la balle : « son père, Nicolas, est un de mes meilleurs amis et un formidable clarinettiste. » Car chez Théo Girard, la musique a tout d’une affaire de famille, lui dont le père n’est autre que Bruno Girard, l’un des fondateurs de Bratsch. C’est d’ailleurs ainsi qu’on peut comprendre le titre de ce nouvel album. Oui, ça peut être l’ivresse de la bulle de « Champagne » (le titre d’ouverture du disque), ça peut être la bulle de BD (tant ces morceaux donnent toujours la sensation de raconter des histoires sans paroles), mais ça peut être aussi la bulle protectrice, la rondeur du cocon familial, la sphère des musiciens avec lesquels on joue et rejoue.
Dans cet art de la mélodie solennelle qui danse entre la joie et la mélancolie, dans ce son de basse bombé et mal rasé, dans cet esprit de groupe qui tourne autour d’un cercle d’intimes, difficile de ne pas penser à la figure de Charlie Haden. Théo confirme : « le titre « Song for Che » avec le Liberation Music Orchestra, « Alone Together » avec le quartet West ou le disque de gospels Steal Away en duo avec Hank Jones, ce sont des choses que j’ai énormément écoutées... Dans le programme initial du trio nous reprenions même « First Song (For Ruth) » ! Haden a le son, l’intention et un lyrisme à fleur de peau. »
Car comme chez le contrebassiste américain, les musiques de Théo Girard sont souvent adressées à des êtres chers. À commencer par cet album, dédié au batteur Eric Groleau, disparu l’an dernier. « On a passé beaucoup de moments forts ensemble à bosser, à se marrer, à tourner avec G!rafe. C’était un grand ami, quelqu’un de profondément généreux qui est vraiment parti trop tôt. » Quant à « Grandes Dames », l’un des sommets du disque, le seul morceau à outrepasser le format chanson (7’14 pour être précis), le contrebassiste l’adresse à ses grands-mères : « Deux femmes fortes qui ont marqué mon enfance mais aussi ma vie d’adulte. L’une était fleuriste, l’autre avait pris des responsabilités politiques sur le tard après avoir élevé ses huit enfants. Je les imagine toutes les deux se promener ensemble au Jardin du Luxembourg, l’une avec sa démarche altière, l’autre avec son allure décidée. »
Depuis toujours, Théo Girard est obsédé par la figure du cercle : son label fondé en 2010 s’appelle Discobole, l’un de ses derniers projets en date est un big band rotatif et la Bulle elle-même aspire à la rondeur. « C’est une forme puissante et souple, j’y vois la cohabitation de la perfection et de l’imperfection. Mais aussi plein de choses de la vie que j’aime. Par ordre d’importance : la pizza, le ballon de basket, le disque » s’amuse-t-il. Sur Bulle, peut-être encore plus que sur 30YearsFrom, on sent sa musique tournoyer comme dans un manège à sensation – d’où les titres « Roller Coster », « Rototown » ou « Microsillon ». Pourtant le contrebassiste francilien confie souvent choisir ses titres de morceaux après les avoir enregistrés. Comme si c’était sa musique qui révélait Théo Girard à lui-même et non l’inverse.
Matthieu Durand - Le Gri-Gri